Retour à l'anormal. Juin 2025 entre Guerre, Tech et Paix
- annebaer
- Jul 8
- 5 min read
Par Anne Baer.
Mercredi 11 juin : arrivée en France pour Viva Technology avec quelques startups israéliennes.
Jeudi 12 : Plongée dans l'innovation européenne, avec mes clients ENGIE New Ventures, NANOZ , mes collègues French Foreign Trade Advisors. RV pour CarbonBlue, OASIX Energy, IOSight. Et Retrouvailles avec WOMEN IN TECH ® Global

Le soir, changement de cap, le Paris Peace Forum et le gouvernement français ont invité 300 Israéliens et Palestiniens de la société civile pour travailler sur la faisabilité de la solution à deux Etats. Je retrouve des amis de 30 ans. Nous sommes tendus et inquiets.
Vendredi 13 : Coup de tonnerre dans le ciel de l'Iran. La guerre Iran-Israël est là pour de vrai. L'espace aérien est fermé. Nous sommes réunis au Conseil économique social et environnemental et tout en gérant à distance nos familles et nos retours à la maison, on tente de rester focus. L'Alliance for Middle East Peace - ALLMEP fait des miracles et parvient à loger tout le monde en attendant de rentrer.

Dans l'atelier sur la faisabilité économique d'un futur Etat palestinien, nous soulevons pas mal de lièvres. Avec mes complices d'EcoPeace Middle East Gidon Bromberg, Nada Majdalani et Yana Abu Taleb, nous poussons notre projet "IMEC Peace Triangle" d'électricité verte, d'eau dessalée, et de transport de marchandises.
Le soir on nous embarque tous pour l’Elysée pour la conférence de presse d'Emmanuel Macron sur l’Iran ; on se serre sur les tapis à terre en attendant qu’il nous rejoigne, et les échanges informels se poursuivent toute la soirée avec le président. Noyé dans notre foule de visages, il n'arrive pas à savoir qui est qui.

Samedi 14: on parle de 150 000 Israéliens qui cherchent à rentrer. Assez vite, ils vont trouver la voie terrestre, empruntant l'un des 3 points de passage jordaniens ou celui de Taba en Egypte.
En Israël, ce sont par chance seulement 40,000 touristes coincés dont probablement un quart de Français, des vacanciers de la Pentecôte, des participants à la Gay Pride prévue vendredi 13, pris sous les missiles et qui n'ont rien demandé.
Je reçois un coup de fil de la députée Caroline Yadan. Je suis réquisitionnée. "Tsav 8" comme on dit en Israël. Sa permanence croule sous les demandes de centaines de ressortissants qui veulent rentrer en France et en attendant cherchent des positions de repli. La communauté whatsapp s’est mise en mode “gestion de crise” et enfle d’heure en heure. Nous prenons les gens un par un au téléphone et installons l’entraide entre personnes isolées et Français d’Israël qui connaissent le terrain. La solidarité joue à plein. En attendant que des solutions de rapatriement soient mises en place, nous répondons aux questions, cherchons, vérifions et partageons les infos.
Tandis que la députée est sur tous les fronts, mes nuits sont très courtes. Nous signalons chaque soir les cas sanitaires et humanitaires au Centre de Gestion de Crise du Quai d’Orsay, lui même peuplé d’agents qui se sont portés volontaires pour cette mission.
Le bureau de la députée à l'Assemblée est plein à craquer. Je squate chaque jour un bureau différent, celui des copines ou encore le QG des CCE.
A partir du 22, les premiers vols de rapatriement décollent d’Amman et dès l’autorisation obtenue des autorités israéliennes, des vols militaires commencent leur rotation Tel Aviv-Chypre, puis vol Air France affrété pour Paris. Plus de 1000 Français en bénéficieront, les autres se débrouillant ou attendant la reprise des vols commerciaux.* C'est peu et tard mais c'est bien plus que ce que les autres pays font pour leurs ressortissants. Avec les Etats Unis, c'est la France qui a le plus grand nombre de personnes à rapatrier. Pour les Américains ce sont des associations et des privés qui ont pris les choses en main, en commençant par exfiltrer 1500 étudiants en année de césure par bateau vers Chypre. Chez les Canadiens, on propose à partir du 23 un vol d’Akaba-Athènes (aéroport deux fois plus éloigné qu’Amman) et on vous laisse vous débrouiller après.
* Mention spéciale pour Air France qui est la première compagnie étrangère à annoncer la reprise de ses vols pour le 7 juillet.

Chez les rapatriés que l'on accueille à Orly, la peur et le soulagement sont palpables. Les missiles iraniens ont touché les zones les plus densément peuplées du pays. Du jamais vu. A l’heure du bilan, on sait que le taux d’interception n’est “que” de 86% - soit 36 missiles balistiques sur 530 - qui ont frappé Israël de plein fouet. Chaque tête de missile transporte des centaines de kg d’explosifs. Certaines se fragmentent dans l’atmosphère en des dizaines de mini-missiles. Bilan : 28 morts. Grâce aux abris et à la discipline des Israéliens, c’est peu rapporté aux destructions matérielles, 2000 bâtiments détruits ou endommagés, 13000 personnes à reloger, un hôpital, deux universités, un site pétrochimique.
S’ajoute à ce bilan matériel, $1,5 milliards de coût total des interceptions par Israël et les US. Sans compter celles des autres pays dont la France, la Jordanie, UK,…et pour la première l’Arabie Saoudite qui a participé aux interceptions.
La guerre est terminée. Je trouve une place sur un vol de retour pour Israël.
Avant de repartir j'arrive à participer au lancement du Tech Diplomacy Forum, à l’AG des #CCE où l’on signe un partenariat diversité avec WIT ; à l’événement de Mondher Abdennadher sur l’engagement (“Le langage ment…”) où je retrouve des militants et des élus de terrain qui y croient encore ; au team building d’ ENGIE New Ventures ; et à la visite d’une startup géniale du Val de Marne SOFRAPACK.
Et c’est le retour à l’anormal…


Hommage à quelques héroïnes et héros de ce mois de juin, soutiens de chaque instant : Caroline Yadan Laurence Taïeb - Besserat Aline Leveque Julie Piton Saint Martin Patricia Yadan et tous les membres des groupes whatsapp...
Laurent Saint-Martin Matthieu Clouvel Gervaiseau Journes Frederic Olivia Richard Olivier Cadic et tout le dispositif anonyme.
Ayumi Moore Aoki Angela Naser Sophie Sidos Claudine Leprince Isabelle Aimonetti Isabelle Bailly Emmanuel Montanié Jean-Jacques Santini et tous les collègues CCE et WIT qui se sont manifestés.
Johann Boukhors Olivier Sala et tous mes merveilleux collègues Engie.
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